Page:Pavlovsky - En cellule, paru dans Le Temps, 12, 19 et 25 novembre 1879.djvu/42

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Un jour j’entendis du bruit et des éclats de voix dans la cellule de mon voisin ; on ouvrait, on refermait la porte avec fracas ; on emportait quelque chose ; je croyais le deviner au lourd retentissement des pas de plusieurs personnes… Puis tout redevint calme. Craignant que l’état de santé de mon voisin n’eût empiré, je frappai à son mur ; pas de réponse. Alors je frappai de plus en plus fort. Soudain j’entendis soulever le carré de fer-blanc qui masquait de dehors le judas. Puis Pakhomof ouvrit ma porte toute grande en disant :

— Venez !

Je le suivis dans le couloir, mais au moment où je me préparais à descendre l’escalier (je croyais qu’on me menait au greffe), le staroj m’arrêta rudement :

— Par ici !

Il me fit monter au quatrième étage, dont toutes les cellules étaient vides ; dans celle où il me fit entrer tout était recouvert d’une épaisse couche de poussière : on voyait bien qu’il y avait longtemps que personne ne l’avait habitée. Je me sentis comme un naufragé jeté sans pitié sur les sables d’une île déserte.

Ma tristesse se changeait en désespoir !

Je serai complètement seul ici ! me dis-je. Personne ne passera même près de ma porte, et je ne saurai jamais plus rien de mon pauvre voisin.