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LA MORALE DU LÉVIATHAN

manquer de sourire d’une pareille prétention. Somme toute, en 1912, l’homme n’était guère différent de ce qu’il était aux origines de l’humanité ; il eût suffi de l’abandonner à lui-même, pendant quelques semaines, dans une forêt, pour qu’il retrouvât, sans grandes difficultés, les gestes et les occupations de ses ancêtres. Il ne connaissait rien de sa destinée, il était absolument incapable d’avoir une action quelconque sur sa vie ; il ne savait même pas ce que pouvait être cette vie, il en était encore aux grossières superstitions des peuples primitifs concernant l’âme, Dieu ou la mort.

Il ne faut pas l’oublier, en effet, il ne disposait alors, en fait de corps, que de l’organisme naturel, commun à tous les animaux ; il se laissait mystérieusement conduire dans la vie par son instinct animal et sa véritable nature reprenait aussitôt le dessus lorsqu’il se trouvait exposé à un danger physique quelconque.

Quels que fussent les vêtements, les lois, les titres ou les honneurs dont ils s’affublaient, tous les hommes se retrouvaient égaux devant le danger, devant la mort, et, en pareille circonstance, ces soi-disant civilisés se montraient inférieurs aux animaux domestiques eux-mêmes.

Cela n’empêchait pas les gens du vingtième