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LES MATINÉES POÉTIQUES

Un comité a été constitué, unissant fraternellement les représentants des écoles les plus diverses, — car il ne nous appartenait pas de faire un choix entre des tendances littéraires opposées.

C’est ce comité (où à côté de vétérans illustres siègent de jeunes maîtres en plein épanouissement de gloire) qui a assumé la tâche délicate de composer et d’ordonner les programmes.

Son but est de faire passer sous vos yeux le cortège de nos poètes, des plus anciens aux plus récents auteurs, et des plus célèbres d’entre eux à ceux qui sont restés, parfois injustement, à demi ensevelis dans l’ombre.

Ces poètes, ils sont légion. La France, trop dédaigneuse de ses gloires, ne les connaît pas tous. Parmi tant de noms qui devraient être fameux, peu sont familiers au public. Parmi tant de morceaux achevés, ce ne sont que des fragments, parfois un hémistiche ou un seul vers, qui ont surnagé dans la mémoire des hommes oublieux. Nous sommes une grande nation lyrique : et je ne sais quelle étrange pudeur nous empêche de l’avouer. La sève poétique française a nourri des arbres magnifiques, dont la réunion forme une forêt immense, aux essences rares et variées. Dans cette forêt, nous n’admirons, comme les voyageurs pressés, que deux ou trois chênes célèbres, formidables il est vrai, mais à côté desquels croissent pourtant des hêtres vigoureux, des ormes aux vastes ramures, et dont les racines plongent aussi dans le sol de notre vieille terre.

C’est pour les faire mieux connaître, ces beaux arbres, produits de notre sol, ces bons poètes, fils de France, que nous avons institué ces samedis poétiques.

Au lendemain de la plus tragique aventure que l’humanité ait connue, au lendemain des jours où la France, cuirassée et casquée, l’arme au poing, était réduite à. ne montrer au monde que sa face de Gorgone irritée, il est bon qu’elle montre à nouveau, victorieuse et apaisée, son clair visage de vierge souriante. Ce sont nos vieux poètes qui de leurs