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Page:Payen - Anthologie des matinées poétiques, t. 2, 1927.djvu/14

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les matinées poétiques


Tout doux, tout doux


Par le trou de la cheminée,
— Tout doux, tout doux —
Par le trou de la cheminée,
Mon âme aux ailes de fumée
Un soir s’envola Dieu sait où…

Perdit au bois ses plumes blanches,
— Tout doux, tout doux —
Perdit au bois ses plumes blanches
Qu’accrochèrent les hautes branches
Et les griffes d’or des hiboux…

Lors s’enfuit sur la vaste plaine
— Tout doux, tout doux —
Lors s’enfuit sur la vaste plaine,
Et vit que la plaine était pleine
Au loin par la chasse des loups !…

Volant plus haut sur la campagne,
— Tout doux, tout doux —
Volant plus haut sur la campagne,
Traversa l’orgueil des montagnes
Et devint la proie des vents fous !…

Vit, au loin, Paris, la grand’ville,
— Tout doux, tout doux —
Vit au loin Paris la grand’ville
Et, cherchant pain et domicile,
Y trouva prison et verrous…

Lors s’évadant par nuit obscure,
— Tout doux, tout doux —
Lors, s’évadant par nuit obscure,
Erra cent ans à l’aventure
Dans la nuit creuse, un peu partout…

Mais, cent ans perdue dans l’espace,
— Tout doux, tout doux —