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RAYMOND GENTY

Poète qui excelle à traduire la grâce du dix-huitième siècle et le charme, l’élégance modernes, M. Raymond Genty brosse avec un art charmant, une délicieuse délicatesse de touche, une observation très vive, amusante et amusée, de petits tableaux parisiens, évoque les héroïnes galantes du siècle aimable de Watteau et met dans ses menus poèmes une très douce et très fine sentimentalité.

Louis PAYEN.

PRÉ-CATELAN

Sur la pelouse où l’on entend parmi la brise
Chanter de proches violons,
Au milieu des massifs où l’on madrigalise
Mieux que dans l’ombre des salons,

Nous restons, retenus par le charme de l’heure,
Par le ciel d’un rose orangé,
Par les tziganes dont la valse nous effleure
D’un attendrissement léger.

Et pourtant le dernier couple dans les verdures
Comme un reflet clair s’est éteint ;
Les rires diminuent, quelques vagues murmures
Un à un meurent au lointain.

Le jardin lentement redevient solitaire.
Là-bas dans l’ombre qui descend,
Le phare d’une auto rayonne à fleur de terre
Comme un énorme ver luisant.

Une étoile apparaît dans les branches d’un tremble,
Une autre dans un saule point.