Page:Pechayrand - Essai sur le médicament.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Circulation et électivité. — Que deviennent les médicaments une fois introduits dans le sang ? Leur destinée est de suivre ce dernier dans ses révolutions jusqu’à leur destruction par le travail organique ou leur expulsion par un appareil glandulaire. Les veines et les lymphatiques sont les conduits d’arrivée des particules médicamenteuses dans le système artériel ; mais leur débouché peut en être retardé dans l’arbre veineux par deux obstacles. Ce sont deux organes, espèces de sentinelles placées sur leur trajet, qui les éliminent directement (le poumon par l’exhalation dont il est le siége) ou en ralentissent le cours (le foie en les rejettant dans l’intestin avec la bile). Les agents, échappés à leur action, arrivent au cœur, s’en éloignent avec le sang hématosé dont ils subissent les lois et se répandent dans tous les tissus.

Un fait remarquable dans la circulation des médicaments, c’est la tendance que possèdent certains d’entre eux à concentrer leur action sur un système, sur un appareil, sur un organe. Une même substance ne s’élimine pas indifféremment par toutes les glandes ; chacune à une affinité individuelle pour tel organe, qui s’exerce dès qu’elle entre en circulation ou, pour mieux dire, cet organe est plus impressionnable que tout autre à l’action de ce corps. Cette constance d’action sur tel ou tel appareil constitue l’électivité médicamenteuse.

L’agent thérapeutique n’a pas une force intelligente qui le dirige plutôt dans un sens que dans