Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/138

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il ne peut plus être dupe : car les ruses mêmes qui seraient imaginées contre lui ne serviraient qu’à accroître sa force.

Est-ce que notre parti aussi serait transi par la peur des fantômes ? Et allons-nous, décidément, nous retirer de l’action dans la crainte vague d’être égarés par des feux follets sur des chemins de perdition ? Pour nous, quelles que soient les interprétations venimeuses, nous sommes absolument résolus à continuer, d’accord avec le prolétariat militant et agissant, l’œuvre d’organisation ouvrière et d’émancipation intellectuelle qui est la condition même de la Révolution, et même un commencement de Révolution.


— Oh ! oh ! docteur, voilà des paroles un peu fortes, surtout venues de Jaurès. Mais laissons cela. Nous reparlerons de l’action socialiste. Nous reparlerons de l’unité socialiste. J’ai relu attentivement depuis la dernière conversation que nous avons eue, les Dialogues philosophiques. J’ai lu aussi Caliban. Je m’en tiens à ce que nous avons dit.

— Vous avez raison. Il conviendrait de commenter ces dialogues au moins aussi scrupuleusement que l’on commente en conférences les dialogues de Platon. Ils valent ce commentaire. Alors on distinguerait les discontinuités de la pensée admirablement voilées sous la continuité de la phrase, du mouvement. Alors on apercevrait les inconsistances de la pensée admirablement maintenues par la tenue de la forme. Alors on demanderait au moins quelques définitions préalables.

— Il est vrai, docteur, que ces dialogues, souples et merveilleux, réconcilient avec ces excès de définition