Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/160

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munion, il fit un effort, et il se leva seul à moitié, pour le recevoir avec plus de respect ; et M. le curé l’ayant interrogé, suivant la coutume, sur les principaux mystères de la foi, il répondit distinctement : Oui, monsieur, je crois tout cela de tout mon cœur. Ensuite il reçut le saint viatique et l’extrême-onction avec des sentiments si tendres, qu’il en versait des larmes. Il répondit à tout, remercia M. le curé ; et lorsqu’il le bénit avec le saint ciboire, il dit : Que Dieu ne m’abandonne jamais ! Ce qui fut comme ses dernières paroles ; car, après avoir fait son action de grâces, un moment après ses convulsions le reprirent, qui ne le quittèrent plus, et qui ne lui laissèrent pas un instant de liberté d’esprit : elles durèrent jusqu’à sa mort, qui fut vingt-quatre heures après, le dix-neuvième d’août mil six cent soixante-deux, à une heure du matin, âgé de trente-neuf ans deux mois. »


Quand le docteur eut fini de me lire tout ce qu’il avait librement choisi dans l’histoire de la vie et de la mort de Blaise Pascal, je ne pensai pas à lui demander pourquoi il m’avait fait une aussi longue citation ; mais nous demeurâmes longtemps sous l’impression de ce témoignage.