Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/213

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mes amis ; mais il est rarement arrivé qu’on m’ait objecté quelque chose que je n’eusse point du tout prévue, si ce n’est qu’elle fût fort éloignée de mon sujet, en sorte que je n’ai quasi jamais rencontré aucun censeur de mes opinions qui ne me semblât ou moins rigoureux ou moins équitable que moi-même. Et je n’ai jamais remarqué non plus —

Ceci va non seulement contre tout congrès et tout commerce de philosophes, mais contre toute académie et contre la vénérable institution des thèses :

— Et je n’ai jamais remarqué non plus, que par le moyen des disputes qui se pratiquent dans les écoles, on ait découvert aucune vérité qu’on ignorât auparavant ; car pendant que chacun tâche de vaincre, on s’exerce bien plus à faire valoir la vraisemblance qu’à peser les raisons de part et d’autre ; et ceux qui ont été longtemps bons avocats ne sont pas pour cela par après meilleurs juges. »

M. Boutroux ne présiderait donc pas à l’organisation d’un congrès de philosophie — car ces raisons doivent lui sembler valoir, non pas seulement parce qu’elles sont de Descartes, mais parce qu’elles ont de la valeur — s’il n’avait sans doute résolu de conduire souvent sa raison et ses actions selon les trois ou quatre maximes de la morale que Descartes s’était formée par provision. Je lis au commencement de la troisième partie :

« La première était d’obéir aux lois et aux coutumes de mon pays, retenant constamment la religion en la-