Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/236

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me rapporterait beaucoup plus si ma terre demeurait sur la place de la Concorde. Mais on fait ce qu’on peut. Aussitôt que je les aurai touchés, je vous donnerai une cinquantaine de francs. Moyennant quoi vous me compterez comme abonné ferme. Ce sont mes réserves dernières ; mais je suis trop pauvre pour ménager mes réserves. Je ne sais même pas si nous avons le droit de nous ménager des réserves. Je préfère vous donner d’une seule fois tout ce que je pourrai pour le moment, car si je vous promettais de vous verser des souscriptions mensuelles régulières, je ne le pourrais pas, et même si je le pouvais je ne tiendrais pas ma promesse, pourtant sincère ; je ne m’aperçois pas quand les mois passent. Il faut me le pardonner. Si le facteur ne m’apportait pas un nouveau calendrier pour avoir ses étrennes je ne saurais pas qu’un an s’est passé, je ne saurais pas que je vieillis. Vous pouvez donc me compter parmi vos abonnés fermes.

— Je te compterai quand tu auras versé.

— Tu feras comme il te plaira.

— S’il en est ainsi, tu trouveras aux cahiers, aussitôt que j’aurai le temps d’en exposer l’institution, une réponse non négligeable aux reproches que tu m’as faits.

— Oui, dit Lardenois : c’est un des nombreux articles que tu as promis et que tu ne feras jamais.

— Nous verrons.

— Nous verrons.

— Puis je lui demandai ce qu’étaient devenus les exemplaires de ce drame en trois pièces dont j’ai un exemplaire et dont j’ai gardé la mémoire.

L’œuvre avait à peine atteint son milieu quand Marcel Baudouin cessa d’y travailler. Il est mort en effet le