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INTRODUCTION

attendu d’avoir quitté les bancs du lycée pour entendre les voix qui appellent à l’action les jeunes intelligences et les esprits neufs.

Incapable de réserve ni de calcul égoïstes, Péguy se lancera tête baissée dans le tourbillon de l’Affaire. Son tempérament de lutteur, son caractère entier ne lui permettront pas, dans le feu du combat, de discerner les exagérations et les excès qui risquent de mener le parti où l’a jeté sa passion de la vérité à des conclusions dangereuses pour l’intérêt public.

Il lui faudra, pour reprendre son sang-froid, que la grâce, en donnant à sa soif de Justice un premier apaisement, lui rende la liberté de regarder autour de lui.

Le soir du « Triomphe de la République, » en descendant des faubourgs, mêlé à la foule, il remarquera qu’on rechante la vieille Marseillaise, récemment disqualifiée.

D’autres choses plus importantes à la vie de notre pays que l’hymne de Rouget de Lisle avaient couru des risques dans la bagarre.

Péguy est trop imprégné jusque dans son tréfonds par ses origines, par son éducation classique du sentiment de l’ordre et de la règle ; il a trop le sens des nécessités nationales pour ne pas donner tout son effort à la défense, dans la République et par la République, d’institutions tutélaires.

Le début de ce billet tracé de son écriture si caractéristique, simple, droite et volontaire comme lui, en dit long, dans son apparente sécheresse, sur ses sentiments intérieurs :

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