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torien et que nous n’avons aucun monument qui nous renseigne sur l’histoire du paradis.

— Nous venons te souhaiter la bonne année, répéta gravement Pierre Baudouin. Au temps que nous vivons, cela veut dire que nous te souhaitons que tu sois et que tu demeures juste et vrai. Nous te souhaitons aussi que beaucoup d’honnêtes gens t’apportent beaucoup de bonne copie, que les compositeurs ne te fassent aucune coquille et que les imprimeurs ne t’impriment aucune bourde ; enfin je te souhaite que les abonnés croissent et se multiplient.

— Mais, dit Pierre Deloire, comme l’histoire des événements nous fait voir que les souhaits ne suffisent pas, je t’apporte pour le mois de janvier les dix francs de souscription mensuelle que je prélève sur le produit des leçons que je vends.

— Pour la même raison, dit Pierre Baudouin, je t’apporte ces cinquante francs de souscription extraordinaire. Mes terres de Bourgogne se sont enfin vendues. Elles se sont vendues un assez bon prix, parce que les Bourguignons, ayant fait beaucoup de vin, pouvaient dépenser quelque argent. Elles m’ont rapporté quinze et quelques cents francs dont j’ai besoin pour la nourriture de ma famille ; mais je tenais à prélever les cinquante francs que je voulais vous donner.

— Vos souscriptions m’étaient indispensables et vos souhaits sont les bienvenus. Car je suis en proie aux mauvais souhaits de plusieurs.

— Nous le savons, et c’est pour cela que nous venons te souhaiter la bonne année.

— Je suis en proie aux mauvais souhaits de plusieurs. C’est une grande souffrance que de savoir qu’il y en a