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de la sociologie, ainsi que l’on m’a dit que les anciens nommaient stulti les citoyens qui n’étaient pas philosophes. Mais d’abord ce mot ainsi prononcé me coupa la respiration. Herr m’acheva : Jusqu’ici, me dit-il fortement avec l’assentiment du conseil, nous vous avons trop souvent suivi par amitié dans des aventures qui nous déplaisaient. Maintenant c’est fini. Vous allez contre ce que nous préparons depuis plusieurs années. Vous êtes un anarchiste. — Je lui répondis que ce mot ne m’effrayait pas. — C’est bien cela, vous êtes un anarchiste : nous marcherons contre vous de toutes nos forces. Mario Roques a bien voulu m’assurer depuis que Herr était trop bon pour avoir tenu parole, et que sa déclaration de guerre lui avait coûté beaucoup à prononcer. Mais elle me coûta beaucoup plus à recevoir. Je me retirai abruti.

Je rédigeai le premier cahier dans cette angoisse et dans cette amertume. Résolu quand même à travailler pour la maison que j’avais fondée, je lui fis la meilleure place dans ce premier cahier de la première série. J’y rappelai soigneusement le Prince de Bismarck, de Charles Andler. J’y rappelai l’Histoire des Variations de l’État-Major. J’y annonçai l’édition du « Compte rendu sténographique officiel du Congrès général des Organisations Socialistes Françaises tenu à Paris en Décembre 1899 ». Vous êtes mes anciens abonnés. Vous avez chez vous ce cahier du 5 janvier 1900. Vous avez lu ces rappels studieux et ces annonces. Enfin, et surtout, voulant donner à la maison que j’ai fondée, à un livre que j’ai fait, la quatrième page de ma couverture je la disposai comme suit. Permettez que je la remette exactement sous vos yeux :