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COMPTE RENDU DE MANDAT

25 avril 1901,

Nos anciens abonnés n’ont pas oublié que mon grand cousin de province devait venir me voir avant le commencement de l’Exposition. Pourquoi il ne vint pas, cela ne vous regarde pas. Et si vous n’êtes pas contents, vous aurez affaire à lui.

— Bonjour, mon petit cousin, bonjour. Je viens te demander le compte rendu que tu me dois depuis quatorze mois passés.

— Bonjour mon grand cousin. Mais je n’ai guère le temps.

— Tais-toi, tu n’as pas besoin de réclamer. Tu es mon délégué. Tu dois m’obéir comme un qui va les pieds devant.

— Mais oui, mais oui mon grand cousin. Seulement j’ai eu la grippe. J’ai du rhume. J’ai des abonnés.

— Je m’en fous. Je suis le public, le peuple, enfin, les citoyens, le peuple souverain. Je ne t’avais pas commandé d’avoir la grippe. Rends-moi mon compte.