trouver les conseillers municipaux de mon pays, au moment des élections, ils ne me disent pas que j’ai tort ; ils me disent toujours que j’ai raison, qu’ils sont de mon avis, qu’il faut que je vote pour eux. Jamais un conseiller d’arrondissement ni un conseiller général ni un député ne m’a dit que j’avais tort. Et pourtant ce sont des hommes haut placés, capables, librement choisis par les suffrages de leurs concitoyens. Ils doivent s’y connaître un peu mieux que vous. Pourquoi dites-vous aussi qu’il y a des capitalistes qui se font appeler socialistes. Jamais M. de Rothschild, M. Lebaudy, M. Schneider, M. Chagot ne se sont fait appeler socialistes révolutionnaires.
— Aussi n’est-ce pas eux que je voulais dire. Mais nous avons des journalistes qui touchent des dix, douze et quinze cents francs.
— Quand cela serait, lui répondit mon cousin, on n’est pas capitaliste pour si peu. Ainsi moi mon patron me paie quatre francs par jour. Ça me fait près de quinze cents par an. Et je ne me prends pas pour un capitaliste.
Pierre Baudouin eût ainsi fait marcher mon cousin quelque temps. Mais Pierre Deloire intervint pour la première fois. Mon ami a l’esprit un peu lourd, un peu distrait, un peu bourré de faits. Il ne saisit pas toujours bien les nuances du faire marcher. Il me pardonnera ces quelques indications. Elles étaient indispensables.
— Monsieur, dit pédantesquement Pierre Deloire, c’est par mois et non par année que nos journalistes gagnent ces sommes considérables.
Pierre Baudouin esquissa un mouvement de mauvaise humeur. Mon cousin s’assit lamentablement. Il nous