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DU SECOND PROVINCIAL

Nyons, 13 janvier 1900,
Mon cher Péguy,

Je regrette de ne pouvoir m’abonner à tes Cahiers de la quinzaine. Moins heureux encore que l’Agrégé provincial, j’ai juste cent sous par jour pour vivre, avec ma femme. Je ne puis pour le moment songer qu’aux journaux quotidiens et au Mouvement socialiste, auxquels je reste abonné.

D’ailleurs, je n’approuve pas l’idée des Cahiers de la quinzaine : c’est une nouvelle revue, socialiste. Le Mouvement est bon, et doit être continué, et j’espère qu’il progresse. Mais tes cahiers prennent, dès le premier, l’allure d’une revue de polémique très personnelle, et contre des camarades socialistes, contre certains camarades socialistes. Je condamne cela.

Il est toujours intéressant et utile de savoir ce que pense un camarade, qui a le loisir et la faculté de penser beaucoup. Il importe aussi qu’une publication périodique ne contienne pas exclusivement les idées d’un seul camarade.

Surtout quand il a les tendances mauvaises de tes

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