Page:Peguy oeuvres completes 01.djvu/91

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rendu n’aurait donc pas été sincère, mais favorable à quelques-uns. Et alors de quel droit, par quel privilège aurais-je été sincèrement sévère pour ce prêtre qui gesticulait, pour ce sous-officier qui posait ? — Je pouvais, diras-tu, ne parler pas de cette affiche. — Mon compte rendu aurait donc été favorablement incomplet, c’est-à-dire inexact, c’est-à-dire faux. Et de quel droit, par quel privilège aurais-je vu pour la critiquer l’affiche des nationalistes, et n’aurais-je pas vu, pour la critiquer, l’affiche des guesdistes ? Nous devons même aux nationalistes l’égalité de la justice et de la critique.

Je n’insinue pas contre les guesdistes, que je ne confonds nullement avec le Parti ouvrier français. Quand les guesdistes font des machinations insinuantes, je les rends autant que je le puis par des expressions machinées insinuantes : l’histoire étant l’image de la réalité, l’expression étant l’image du fait. Quand je me prononce personnellement, je le fais toujours avec la franchise indispensable.

Je reviendrai sur la valeur d’un congrès, sur le contrat socialiste, sur la tactique, sur l’unité, sur la prétendue scission.

Je crois que je combats plus que jamais pour le socialisme entendu purement, je crois que je combats contre un capitalisme ; il n’y a pas seulement des capitalismes d’argent : Guesde est un capitaliste d’hommes. La révolution politique bourgeoise a libéré les hommes, ou du moins elle a été censée les libérer ; nous voulons affranchir les biens pour parfaire la libération des hommes ; ceux de nous qui commencent par commander ou par asservir des révolutionnaires, — c’est tout un, — bien loin qu’ils avancent dans la révolution sociale,