Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/108

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consommée, toutes les fois que la conversation des dreyfusards et des républicains revenait sur les instituteurs, il n’y avait qu’un cri et qu’une indignation : La première mesure à prendre, disait-on partout et sans aucune exception, la mesure indispensable, immédiate, sera de libérer les instituteurs ; ils sont aujourd’hui à la nomination des préfets ; il est inadmissible que des fonctionnaires appartenant au ministère de l’instruction publique, il est inadmissible que des universitaires soient responsables non pas devant leurs supérieurs hiérarchiques, non pas devant leurs inspecteurs, leurs maîtres et leurs amis, mais devant les agents du ministère de l’intérieur. — Telle était alors l’indignation de tous. L’amnistie passa.

On sait ce qui est advenu. Il est advenu la circulaire de M. Combes, la première, celle où pour la première fois un chef du gouvernement, un président du conseil des ministres, un ministre de l’intérieur a osé parler officiellement des faveurs gouvernementales, celle qui officiellement a étendu à tous les fonctionnaires de la République la pratique désastreuse du dossier politique, cette circulaire contre laquelle presque tout le monde s’est tu, qui fut à ma connaissance la première violation solennelle de la charte civique instituée par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen, et contre qui la Ligue française pour la Défense des Droits de l’Homme et du Citoyen ne s’est pas sérieusement émue, — je ne parle pas des sections qui ont approuvé, — cette circulaire qui soumettait aux préfets tous les fonctionnaires du territoire, qui soumettait au ministère de l’intérieur tous les ministères de la République ; loin de libérer les instituteurs, c’est l’ancien asservissement des institu-