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La tâche écrasante que M. Combes a courageusement assumée, la tâche pour laquelle il a droit à toute l’indulgence des bons citoyens, c’est de constituer un gouvernement, et par suite un peu une administration avec des éléments empruntés aux partis radicaux.

Nous n’avons rien contre M. Combes. Il a beaucoup acquis de doigté depuis qu’il exerce le gouvernement. Et je n’omets pas de distinguer entre les deux couches, entre les deux générations de radicaux. Les républicains, radicaux et opportunistes, qui ont l’âge de M. Combes ont fondé la République. Cela ne s’est pas fait tout seul. Rien ne se fait tout seul. Et forcément il en reste quelque valeur aux hommes de ce temps-là. Non je ne confonds pas les radicaux de quarante, cinquante ou soixante ans avec cette multitude pressée de jeunes radicaux, — jeunes gens de vingt à trente ans, — qui de partout se poussent à l’occupation des places.

Tout ce que nous avons déclaré, mais je maintiens cette déclaration, c’est que nous refusions de nous engager, que nous refusions d’engager notre responsabilité dans la politique improprement nommée anticléricale des radicaux de gouvernement, parce qu’elle était injuste, et parce qu’elle était vaine. Qu’elle fût injuste, c’est ce que j’espère pouvoir montrer quelque jour, et je demande que l’on me fasse crédit jusque-là. Qu’elle soit vaine, c’est ce que l’on commence à reconnaître un peu partout. Ceux mêmes qui voulaient nous entraîner dans la compagnie de cette majorité commencent à se demander ce qui se prépare. Jaurès et Pressensé dans leurs journaux commencent à s’apercevoir que les partis radicaux ne sont pas solides. Jaurès