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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/151

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aux amis, — aux amis politiques, — du défunt ; ce que nous voulons laisser voir, c’est justement qu’un certain rituel civil, en réalité politique, c’est qu’un certain cérémonial politique apporte quelque gêne à la manifestation des simples sentiments respectueux ; qu’un certain cérémonial, en réalité catholique, apporte quelque ostentation à la manifestation des simples sentiments affectueux.

J’ai lu honnêtement les obsèques du docteur Gebaüer ; j’ai lu ce compte rendu d’autant plus sérieusement, d’autant plus respectueusement que j’avais jadis beaucoup entendu parler de cet homme, en bien, par des hommes de bien, et que dans l’assistance, exceptionnellement nombreuse, nous avons reconnu plusieurs de nos véritables amis, qui sont des hommes sérieux ; mais quand verrons-nous des enterrements civils vraiment libres, où il n’y aura pas la musique républicaine ; et qu’est-ce enfin qu’une musique républicaine ? quand n’y aura-t-il plus des bannières couvertes d’un long voile de crêpe, qui remplacent les drapeaux couverts d’un long voile de crêpe ; quand n’y aura-t-il plus de drapeau de la Société de secours mutuels, qui remplace les drapeaux militaires ; et quand ne mènera-t-on plus les petits garçons de l’école laïque aux enterrements laïques des grandes personnes ; laissons jouer nos petits enfants ; nos petits garçons ne sont pas des enfants de chœur ; pour aller en cortège aux enterrements ; et ce cercueil recouvert du drap mortuaire de la Libre-Pensée ; qu’est-ce qu’un drap mortuaire de la Libre-Pensée ; faut-il avoir des draps mortuaires particuliers, cérémoniels, et quand on est mort, pourquoi n’accepter pas le drap mortuaire de tout le monde ; que si dans ces petites communes