Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/167

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parlementaire en ce temps ; les périodes politiques de même forme ou de même apparence ne sont pas forcément de même qualité, de même grandeur, de même taille ; les républicains d’alors, les opportunistes et les radicaux étaient moins petits sans doute que nos radicaux de gouvernement ; si nous avons l’impression que la vie politique parlementaire était moins petite, moins ingrate au temps où Clemenceau renversait les grands opportunistes, ce n’est pas seulement parce que le passé paraît toujours mieux que le présent ; ce n’est pas seulement parce que nos anciens nous ont dit que leur temps valait mieux ; mais sans doute c’est parce qu’en effet la troisième République, à mesure que des mains de ses rêveurs, de ses martyrs et de ses ouvriers elle est descendue aux mains de ses politiciens, est descendue tous les jours plus bas dans la petitesse et dans l’ingratitude, dans la corruption. Comme ce grand Bernard-Lazare un jour me le disait ; et je me rappelle textuellement ses paroles ; c’était au moment où il devenait évident que les politiques parlementaires, ayant dénaturé l’affaire, allaient dénaturer la reprise de l’affaire : Les opportunistes, me dit-il, ont mis trente ans pour se pourrir ; les radicaux n’ont pas mis trente mois ; les socialistes n’auront pas mis trente jours. Tout nous fait croire que la vie politique parlementaire était tout de même un peu moins petite pendant la première période, pendant les premières années de la malheureuse République.

Ce qui plaît, encore aujourd’hui, et peut-être aujourd’hui surtout, dans les discours de M. Clemenceau, et dans quelques-uns de ses articles, c’est que les uns et les autres nous présentent plusieurs des rares textes