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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/190

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d’autres, un mal nécessaire ; la politique lui fait commettre, comme elle en fait commettre à tous ceux qui en font, des actions mauvaises ; et qui ne lui ressemblent pas ; il a été, par combisme, et comme pour faire oublier son beau discours pour la liberté, pour le rattraper, d’une férocité injuste envers les hommes qui refusaient d’entrer dans la démagogie combiste ; il a cherché noise à plusieurs, qui ne le méritaient pas ; il a querellé l’homme le plus innocent, le plus dévoué, le plus innocemment dreyfusiste, M. Gabriel Monod ; et l’énoncé même, la matière, le prétexte de cette querelle a beaucoup surpris, beaucoup attristé ceux qui savent un peu de quelle combinaison politique parlementaire la grâce de M. Dreyfus et l’amnistie tout ensemble furent le résultat.

Il reste que certains jours, à certaines heures, le vieux sang de l’ancien républicain remonte ; le tempérament du vieil intraitable reprend le dessus ; la politique du sénateur Clemenceau l’embête encore plus que toutes les politiques ; parce qu’il est dedans ; il envoie tout ballader ; … et il fait un de ces discours impolitiques imparlementaires qui crèvent les combinaisons, dépassent les transactions, affolent les timidités ; il ignore la discipline ; il épouvante ses amis ; et, comme nous tous, libérâtres impénitents, il fait le jeu, l’immortel jeu de la réaction.

Le vieil orateur à ces moments retrouve ces parties de grande comédie qui firent l’épouvante jadis des grotesques politiques, des fantoches parlementaires ; le fils de Voltaire et de Diderot se retrouve aussi le fils de Molière ; on m’assure que dans cette séance du mardi 17 novembre il y eut des parties de la plus grande