Aller au contenu

Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/300

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

année qui encore n’était pas tout à fait finie et qui pourtant se creusait de l’intérieur ; d’une année qui encore pouvait nous apporter quelles surprises, encore, et quelles peines ; travail, sommeil, et loisir, les trois huit ensemble et non plus bout à bout ; non plus juxtaposés, jointurés, mais fondus, fonctionnant simultanément, pour la plus grande confusion de l’esprit même et des images, pour le plus grand repos et le délassement maximum ; fondus comme ce temps fondu de vapeur et de soleil ; de demi soleil ensemble ; ou enfin on s’arrangeait, comme par hasard, pour se trouver sur le chemin de certains itinéraires que l’on connaissait vaguement pour être les itinéraires des cortèges, et que d’aucuns faisaient semblant de ne pas connaître, mais ils s’y trouvaient tout de même, et que les journaux donnaient tous les matins ; on ne lisait jamais les journaux ; mais on connaissait tout de même les itinéraires, on ne sait pas comment ; et puis le roi semblait faire exprès, ce matin-là, de ne point quitter le quartier ; c’était de sa faute ; à lui ; et non point à nous, qui ne sommes ni royalistes ni paresseux ; il ne s’en allait jamais ; le Panthéon, Notre-Dame, l’Hôtel-de-Ville, des circuits à tenir toute une matinée, des lenteurs, des arrêts, des attentions, des retenues, des stages qui ne finiraient certainement point à midi sonné, toutes les maisons de cérémonies ; les places, les parvis, les ponts ; éreinté d’une série énorme, qui fut la sixième, à peine sorti du Gobineau, qui fut considérable entre tous, la tête lourde de soucis, détraqué de tracas, il était amusant de prendre le bras d’un véritable ami, — nous nous en connaissons, — et d’aller un quart d’heure se mêler en badauds au vieux et bon peuple de Paris ;