Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/376

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Il y a deux espèces de normaliens et d’agrégés : ceux qui font de l’enseignement, ou de la science, ou un métier équivalent ; c’est-à-dire ceux qui de quelque manière font leur classe ; nous en sommes ; et nous devons les respecter comme on doit respecter tout honnête homme qui cherche à gagner honnêtement sa vie. Mais nous devons mépriser toute cette tourbe, toute cette horde, tous ces jeunes arrivistes, à peine dignes, indignes même du nom même d’ambitieux, qui ne demandent à leurs titres universitaires que le privilège d’entrer les premiers dans la politique, les mains basses.

Jaurès me reprochait de disposer des autres et de la vie des autres. Je n’ai jamais eu l’impression d’une vie manquée, d’une destinée manquée, comme en voyant ce pauvre minable fiacre s’éloigner en boitillant, désormais engagé dans la mauvaise voie, qui était, je pense, la rue Boissière :

Daigne, daigne, mon Dieu, sur Mathan et sur elle,
Répandre cet esprit d’imprudence et d’erreur,
De la chute des rois funeste avant-coureur !

En tête des lettres, le seigneur Léon Blum, baron déclinatoire, prince des déclanchements. Et aujourd’hui la récompense de Jaurès, la voici ; aujourd’hui la situation est la suivante, que ce même Léon Blum, constatant le désastre, voyant que le journal a dévoré toutes ses commandites, avec un appétit insatiable, et d’un mouvement si régulier qu’il semblait un mouvement d’horloge, et que nonobstant il ne peut trouver aucuns lecteurs, que sans doute il a baissé ou qu’il baisse, en admettant qu’il soit ou qu’il ait été jamais en situation