Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/38

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de cet ordre de méditations déjà religieuses, sinon mystiques, qui aboutirent dans Victor Marie, Comte Hugo (octobre 1910), à d’étonnantes et infinies considérations sur l’ordre charnel, l’ordre temporel et l’ordre surnaturel, à des analyses de Polyeucte et de « Booz endormi ». Le christianisme, vu du centre des croyances juives, le mystère de l’incarnation, le problème de la sainteté, tout cela occupe une place immense dans la pensée de Péguy : c’est le fond de son poème de Jeanne d’Arc, la Charité, le Porche ; c’est le fond même de sa poésie, dont le livre sur Victor Marie, Comte Hugo, n’est que le discours ou le manifeste.

Le jour qu’il écrit Notre Patrie, Péguy découvre en lui un fait nouveau, l’idée de patrie. À quelle occasion ? Les premières tensions franco-allemandes dans l’été de 1905. Tout cela est indiqué dès le début : « Ce fut une surprise… Ce fut une découverte… Ce fut une trouvaille. » Mais la révélation ne se produit qu’à la dernière page, en quelques lignes, d’une façon subite, inattendue, étonnante, mystérieuse. Tout le livre est composé sur une seule période : tout le livre est un agrandissement démesuré sur le fameux dessin d’Hugo (Napoléon II).

Ô revers ! Ô leçon ! Quand l’enfant de cet homme
Eut reçu pour hochet la couronne de Rome
Quand ............ etc., etc.
.........................
Quand ....................
.........................
Un cosaque survint qui prit l’enfant en croupe
Et l’emporta tout effaré.

Je crois que l’imitation est flagrante et le modèle indiscutable, mais le résultat est magnifique.