Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/413

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beaucoup plus de temps pour faire la traduction d’une tragédie ancienne que pour faire lui-même une tragédie nouvelle.

Je suis donc forcé de me rabattre sur ma pauvre traduction d’écolier. Les personnes qui pour avoir d’un seul tenant la teneur de la supplication antique, et de la réponse, comme elles ont eu dans Avenard d’un seul tenant la teneur de la supplication moderne, et de la réponse, auront le courage de la relire, comme j’ai eu la patience de la recopier d’ensemble, sont priées de la vouloir bien lire comme un maître indulgent lit un devoir appliqué, une copie d’élève, de vouloir bien la lire comme je l’ai faite, comme je la présente, comme un devoir d’écolier assez vieilli, comme un devoir d’écolier en retour :

Œdipe

Ô enfants, du Kadmos d’il y a longtemps neuve génération nourrissonne, quels sièges donc d’agitations tumultueuses me tenez-vous, ceux-ci, — couronnés de rameaux d’olivier suppliants ? Et la cité est pleine ensemble de parfums d’encens brûlés, et ensemble de péans et de lamentations ; que jugeant (juste), enfants, de ne pas entendre de messagers, autres, moi-même ici ainsi je suis venu, le célèbre à tous Œdipe appelé. Mais ô vieillard, parle, puisque de naissance il convient que tu parles pour ceux-ci, dis-moi dans quelle attitude vous êtes là, de crainte, ou affectueuse ? dans cette pensée que je veux suffire à tout : car je serais dur à la douleur, de n’avoir point en pitié une telle session que celle-ci.