Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/456

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qu’ils n’ont pas copiée, dans Sophocle, c’est la déclaration de la misère et de la supplication de tout un peuple.

Ce qui nous empêchait de reconnaître dans cet immense mouvement et soulèvement de tout ce peuple ce qu’il était, une supplication, c’est qu’ayant assez mal fait nos études nous-mêmes, ayant lu étourdiment nos textes, nous nous imaginions naïvement, petits garçons des vieilles provinces françaises, et un peu grossièrement, que d’être un suppliant, c’était d’être quelqu’un d’extrêmement embêté, que de faire une supplication, c’était surtout avoir peur d’être battu, que c’était demander pardon, que c’était demander quelque chose que l’on aurait été bien content d’avoir. Mon Dieu, c’était cela ; mais c’était aussi beaucoup plus. Voilà ce que c’est que de lire étourdiment ses auteurs. Nous ne pouvions pas savoir, alors, nous ne pouvions pas sentir, nous n’eussions même pas compris ce que cela eût voulu dire, que de dire que la supplication antique était une cérémonie rituelle, aussi réglée, aussi intérieure, que pouvait l’être le pèlerinage au moyen-âge.

[J’avais tort de déclarer dans un précédent cahier, — je crois que c’est dans ce même cahier d’Avenard, — que nous ne faisions rien pour le mouvement révolutionnaire en Russie ; on vient d’inventer pour aider ce mouvement révolutionnaire quelque chose d’extrêmement nouveau : on va faire, on fait, on vient de faire un meeting. Je lis en effet dans le Socialiste, aujourd’hui Organe Central du Parti Socialiste (Section Française de l’Internationale ouvrière : Parti Socialiste, — Section