Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/497

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vers, de la technique, du rythme classique corrompu que le français n’est du latin corrompu. Filial du classique, fils ou filleul, il forme aujourd’hui, dans sa pleine maturité, en pleine connaissance de cause, en toute volonté, un tout autre système, indépendant et libre, existant en lui-même et qu’il faut connaître, apprécier, juger, goûter en lui-même.

Ce serait donc nous-mêmes commettre un grossier contre-sens, nous les tenants irréductibles du vers classique, ce serait commettre un contre-sens injurieux, injuste, que de nous imaginer qu’il faudrait partir en esprit du vers classique pour dégénérer, descendre aux vers qui suivent par la voie de quelque corruption. Nous devons prendre ce système lui-même, en lui-même et à partir de lui-même, fraîchement, et j’ose dire que nous en serons récompensés.

Nous n’avons pas affaire ici à un homme qui ait plus ou moins consciemment, plus ou moins effrontément, plus ou moins par dépit ou par un goût malsain d’innovation brisé, altéré, corrompu, désossé, démembré, désarticulé, défait le système, le vers classique, mais à un homme qui a très délibérément son système à lui, créé, inventé, monté par lui, et à qui nous devons donc de le lire en lui-même.

Nous avons affaire à un homme qui s’est mis résolument aux questions de phonétique, à un homme qui y a acquis quelque compétence, à un homme enfin qui travaille très régulièrement au laboratoire de M. l’abbé Rousselot.

M. l’abbé Rousselot n’est pas saint Louis de Gonzague et je ne prétends pas que ce soit la science qui fasse l’art. Mais tout de même, quand un poète