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Page:Peguy oeuvres completes 02.djvu/98

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grand nombre de critiques firent à ce livre une importante publicité.

Les hommes engagés dans les partis politiques anticléricaux négligèrent d’en faire autant. J’avais bêtement pensé que ce livre serait bienvenu dans les partis républicains. J’avais oublié que les partis n’aiment pas le livre. Partout autour de nous on ne parlait que des instituteurs ; on protégeait les instituteurs ; on vantait les instituteurs ; on chérissait les instituteurs ; je pensai qu’on accueillerait ce livre d’instituteur ; je me trompais ; on me le fit bien voir. Les grands orateurs attitrés se turent ; les gens qui parlent de tout ne parlèrent pas du Jean Coste ; dans l’Aurore même le livre n’eut que quelques lignes de Geste, un post-scriptum, je crois.

Sur le conseil de notre ami Pierre Félix, qui alors, s’intéressait aux cahiers, et que le Jean Coste avait profondément ému, je fis les démarches les plus instantes auprès de la Ligue de l’Enseignement. Je demandais que la Ligue adoptât pour ainsi dire ce livre, qu’elle en achetât et en répandît un certain nombre d’exemplaires. Puisque la Ligue, à son origine institution privée, née d’initiative individuelle, formée d’efforts individuels, tend de plus en plus à devenir une institution d’État, un organe de gouvernement, puisque d’ailleurs on veut en venir à fixer les responsabilités, je dois dire que mes démarches ne furent pas, comme on dit, récompensées ; aujourd’hui je me demande, anxieusement, si je ne fus pas joué, noyé d’eau bénite.

Ce Coste insubmersible aujourd’hui reparaît. La librairie Ollendorff le publie en un volume à trois