misère inexpiable. Cela fait, cela consacre, cela sanctionne une mystique.
La misère, le seul incurable des maux.
D’autres se sont ruinés, se sont temporellement perdus pour lui.
Le plus grand de tous, Bernard-Lazare, quoi qu’on en ait dit, quoi qu’on en ait, plus lâchement, laissé dire, a vécu pour lui, est mort pour lui, est mort pensant à lui.
Ce qu’il y a de plus fort, c’est que cette mystique, que nos amis ont ignorée, plus que méconnue, ignorée, (nos amis, j’entends ici ce mot au sens politique, au sens des combats politiques, nos amis politiques, nos politiciens, nos parasites), nos adversaires eux-mêmes l’ont soupçonnée. M. Barrès a fort bien noté plusieurs fois que le mouvement dreyfusiste fut un mouvement religieux. Il a même écrit, et il y a longtemps, qu’il fallait regretter que cette force religieuse fût perdue. Sur ce point au moins nous sommes en mesure de le rassurer. Cette force religieuse ne sera point perdue. Aux reconstructions qui s’imposent, aux restitutions, nous avons dit le mot aux restaurations qui s’annoncent nous venons la tête haute, fiers et tout pleins de notre passé, battus de tant d’épreuves, forgés par nos misères mêmes. Aux restaurations qui s’annoncent nous venons la mémoire pleine, le cœur plein, les mains pleines et pures.