Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/17

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

INTRODUCTION


À quoi servent les préfaces ? Que veulent-elles dire que le livre ne dise, pour le moins, aussi bien ? Je n’en fis jamais, et n’y suis point habile. Je ne sais pas conter : peindre est seulement mon fait. Que Péguy n’a-t-il pu mettre une préface à mes œuvres, et non pas moi aux siennes ? Il y était bien propre : la plupart de ses livres sont des préfaces admirables à ce qu’il dit à peine ou ne dit point.

Cependant, j’écris celle-ci pour demeurer avec Péguy un peu de temps encore. J’en veux faire un entretien. Puis, il aimait la liturgie : la préface est aussi une prière, et elle précède le canon. À cette idée, je le vois largement sourire, avec malice, dans sa barbe de philosophe antique et de capucin en mission.


I


Péguy allait avoir quarante ans, quand il donna coup sur coup NOTRE JEUNESSE et VICTOR-MARIE, COMTE HUGO. À deux ou trois ans près, ceux de cette génération, nous avons tous l’âge de la République. On dirait de nous que l’Empire Second n’a