Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/197

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elle le deuxième ban ; sans compter le premier et le deuxième ban des volontaires ; et si on ne l’arrête il fusillera aussi les troupes noires, de récente formation, la célèbre, la fameuse division noire, les Toucouleurs, Ouolofs, Sarakollés, Malinkés, et les autres populations, Djermas, Bellas, Baribas, Baoulés, Bobos, Soussous, et Nagots, et les Tourelourous et mesdames leurs épouses. Tout ça avec des revolvers américains, car il ne veut point encourager la production nationale. Je me garderai de dire que ce sont des Brownings, on leur a déjà assez fait de publicité. À cette marque. Auprès de ce grand massacre, bien connu sous le nom de massacre des deux bans, que pèse la tradition d’un graphique des chemins de fer. Hervé parle souvent de l’affaire Dreyfus, il en écrit dans son journal. S’il était conséquent, constant avec lui-même, s’il était logique, — logicien, mais les plus rigoureux, les plus cruels logiciens, pour les autres, ne sont pas toujours ceux qui sont les plus impitoyables pour soi, — s’il était logique avec lui-même il dirait : Nous avons défendu ce Dreyfus, nous avons eu tort. Pensez donc : Il était capitaine ; capitaine d’État-Major ; enfin il travaillait dans les bureaux de l’État-Major de l’armée. Il était merveilleusement outillé, merveilleusement situé pour trahir. Et malheureusement il n’a pas trahi. Cet homme insuffisant n’a pas trahi.

Voilà ce que Hervé dirait, s’il était logique et s’il était libre. Voilà ce que les événements, ce que la réalité dit pour lui. On voit assez quelle est pour nous la conséquence, quelle est sur notre situation historique la répercussion de ce changement de situation géographique. Quand je dis nous, naturellement je