deur dans tout le peuple, qu’il s’agisse de l’art, de l’action ou de la morale. Et on a bien vu depuis, si ce peuple avait abdiqué la volonté d’être grand, et s’il était capable, entre la Marne et l’Yser, entre l’Aisne et Verdun, de s’élever sur les cimes.
Il ne sera pas que la Guerre porte atteinte à la liberté de nos vingt ans. La liberté n’a ébranlé la victoire qu’aux yeux des sots. Elle a fait vaincre ce peuple, au contraire, en lui donnant de lui-même une conscience plus belle, plus forte et plus générale, telle enfin que jamais nation ne l’eût de soi. Le peuple de la Marne est un seul héros, et il a la conscience du héros. Il la doit à la Liberté. Car la conscience est de l’homme libre, et qui veut être libre. Ceux de Verdun n’auraient point tant de beauté, s’ils n’avaient celle-là.
Après la guerre, comme au plein de la bataille, le point est de maintenir une nation puissante avec des citoyens libres. Notre tournant fut celui de la République, et sa propre nécessité : avoir de justes maîtres, ceux que l’on se donne parce qu’on leur sait le droit de l’être ; et ils l’ont, d’abord, pour l’ôter à ceux qui ne l’ont pas. Le pouvoir sans l’autorité est le vice commun à tous les régimes, et l’éternel scandale. Œuvre de l’esprit ou poème de l’action, rien ne se fait que par de bons maîtres. Et plus les hommes veulent être libres, mieux il leur faut choisir les maîtres qu’ils ont. À la vérité, on ne le dit point : mais quand on pense de la sorte, on est le vrai maître et on veut l’être, parce qu’on le trouve en soi. Nous avons eu un rare appétit de domination, et pas la moindre bas-