Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/217

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

engagea lui-même que quand il crut que l’heure des dépouilles était venue.

Il est certain qu’il y a eu une trahison au moins dans l’affaire Dreyfus, et c’est la trahison du dreyfusisme même. Mais c’est commettre une erreur totale que de s’imaginer que cette trahison a été montée, délibérément commise, délibérément exercée par des juifs sur des chrétiens. Dans l’État-Major de cette trahison il y avait Jaurès, qui n’est pas Juif, il y eut, il vint Hervé, qui n’est pas Juif. Jaurès est Toulousain. Hervé est breton. Dans le parti de l’étranger je vois Hervé ; si Hervé avait du courage (non point du courage moral si je puis dire et sentimental, je suis assuré qu’il en a, mais du courage mental et intellectuel même), de la conséquence, il dirait : Voyez, je suis en fait le parti de l’étranger ; dans le parti de l’étranger je vois Hervé ; par endossement de Hervé, nous avons vu Jaurès. Par endossement de Jaurès nous en atteindrions, j’en ai bien peur, quelque autre. Mais enfin je ne vois dans ce parti, dans cet État-Major aucun Juif qui ait la taille, le volume social de Jaurès.

Ce que nos adversaires par contre ne peuvent pas savoir, ce que sincèrement ils ne peuvent pas imaginer, ce qu’ils ne peuvent pas compter, ce qu’ils ne connaissent pas, ce qu’ils ne peuvent pas se représenter, ce qu’ils ne soupçonnent pas, ce qu’ils ne peuvent pas même supposer, c’est combien de Juifs ont été irrévo-