Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/261

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tout ce qu’il y a évidemment d’esprit dans cette graphie de Respubliquains que l’on nous répète à satiété. Cela me paraît un peu du même ordre que les sots de l’autre côté qui écrivent toujours le roy. Avec un y. Cet s et ce qu me paraissent du même alphabet que cet y. J’ai peur qu’il ne soit presque également sot de se moquer de l’un et de l’autre. Le roi a pour lui toute la majesté de la tradition française. La République a pour elle toute la grandeur de la tradition républicaine. Si on met cet s à Respubliquains on ne fait rien, on ne peut rien faire que de lui conférer un peu de la majesté romaine. Je suis plongé en ce moment-ci, pour des raisons particulières, dans le de Viris. J’avoue que respublica y est un mot d’une grandeur extraordinaire. D’une amplitude, d’une voûte romaine. Quant au changement de c en qu, au féminin de public en publique, il ne me paraît pas plus déshonorant que le féminin de Turc en Turque, et de Grec en Grecque, et de sec en sèche comme la grammaire (française) nous l’enseigne. On a le féminin qu’on peut. Quand je trouve dans l’Action française, dans Maurras des raisonnements, des logiques d’une rigueur implacable, des explications impeccables, invincibles comme quoi la royauté vaut mieux que la république, et la monarchie que la république, et surtout le royalisme mieux que le républicanisme et le monarchisme mieux que le républicanisme, j’avoue que si je voulais parler grossièrement je dirais que ça ne prend pas. On pense bien ce que je veux dire. Ça ne prend pas comme un mordant prend ou ne prend pas sur un vernis. Ça n’entre pas. Des explications, toute notre éducation, toute notre formation intellectuelle, universitaire, scolaire nous a tellement appris à en donner,