Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/369

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un regard juif), de l’incarnation, une incarnation vue, venue du monde juif et du monde païen, une incarnation venue comme un couronnement charnel, comme un aboutissement charnel, comme un accomplissement, comme un emplissement charnel, comme une mise en plénitude charnelle d’une série charnelle.

L’incarnation n’est qu’un cas culminant, plus qu’éminent, suprême, un cas limite, un suprême ramassement en un point de cette perpétuelle inscription, de cette (toute) mystérieuse insertion de l’éternel dans le temporel, du spirituel dans le charnel qui est le gond, qui est cardinale, qui est, qui fait l’articulation même, le coude et le genou de toute création du monde et de l’homme, j’entends de ce monde, le coude et le genou, l’articulation de toute créature, (de toute créature humaine, matérielle, de toute créature de ce monde), le coude, le genou, l’articulation de tout homme, le coude, le genou, l’articulation de Jésus, le coude, le genou, l’articulation de l’organisation de toute vie, de toute vie humaine, de toute vie matérielle, de toute vie de ce monde. Nous rejoignons ici ce que nous disions de Polyeucte, que toute sanctification qui est grossièrement abstraite de la chair est une opération sans intérêt. Mais et homo factus est ; il y a deux moyens de considérer cette inscription, cette mystérieuse insertion, perpétuelle. Ou plutôt il y a deux lieux d’où la considérer. Les chrétiens la considèrent généralement du côté de l’éternel, du lieu de l’éternel, venant de l’éternel, se plaçant de l’éternel, (et mon Dieu c’est bien un peu leur office). C’est leur métier. C’est de là qu’ils contemplent cette insertion culminante, ce point