Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/388

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tant regardé le monde), un homme que nous avons suivi pendant onze ans, pendant douze ans, je veux dire que nous avons historiquement, biographiquement, chronologiquement doublé pendant douze ans, que nous avons vu censément enterrer sous la troisième République, (les journaux étaient pleins de son enterrement ; nous étions déjà au lycée, en sixième, et je me vois encore discutant gravement en cour, comme un gamin sérieux, sur ce qu’il valait ; déjà j’étais un gamin sérieux ; un enfant pauvre et sérieux ; soucieux ; il faut me le pardonner sur ce que je suis un gamin encore, mais que je ne suis plus sérieux ; déjà j’en étais fou fanatique, surtout encore plus je crois parce que je venais d’apprendre pour l’excellent M. Guerrier Moïse sur le Nil, en entrant en sixième à Pâques :

Mes sœurs, l’onde est plus fraîche aux premiers feux du jour !


déjà je le défendais toujours ; nous n’étions pas encore dans la bonne cinquième de notre maître M. Simore ; et il y a déjà vingt-cinq ans, et les droits d’auteur ne courront plus que vingt-cinq ans, pas même) ; vingt-cinq petits vingt-cinq ans ; (et ces deuxièmes vingt-cinq ans diminuent hélas tous les jours, et les autres augmentent) ; qu’un homme que nous avons vu (Fit, nous l’avons tous vu), que nous avons tous vu garder, veiller des nuits et des nuits par des cuirassiers armés de torches dans cette inoubliable veillée funèbre, dans cette inoubliable veillée des armes, dans cette inoubliable veillée (païenne), dans cette inoubliable cérémonie (païenne) de l’Arc de Triomphe, par ces soirs inoubliables, par