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Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/410

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Voici à présent la première des deux, le premier essai, le premier modèle de la même structure, de la même charpente exactement ; l’autre avant-dernière, la première avant-dernière :

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,
Booz, les yeux fermés, gisait sous la feuillée ;
Or, la porte du ciel s’étant entrebâillée
Au-dessus de sa tête, un songe en descendit.

Et tout reste aussi en l’air. C’est aussi une strophe qui annonce, une strophe qui ouvre. Une entrée. Un appariteur, une huissière de strophe.

Tout y est. C’est une symétrie de construction, d’usage, d’emploi, de destination parfaite. Poussée jusqu’au dernier détail. Ce sont deux strophes jumelées, geminatae, qui se répondent parfaitement. La première annonce la deuxième, pour qui a quelque sens de la structure, la deuxième rappelle la première. La première prépare la deuxième, est une image anticipée de la deuxième. C’est bien la même résonance, la même frappe donnée à deux temps.

Tout y est. Le premier vers horizontal, grand, balancé sur deux noms propres, les deux noms propres à l’hémistiche ; l’un à l’hémistiche, l’autre à la rime :

Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth ;

Comme dormait Jacob, comme dormait Judith,


(et alors il est impossible de ne pas voir comme Jérimadeth, ainsi placé (je ne parle pas de Judith) est hébraïque quand on y pense. Non seulement il a le