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Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/503

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rompre ce sceau et de ne point parler publiquement. Depuis que je vous connais je vous connais dans des épreuves sans nombre, dans des épreuves de toutes sortes. Depuis que vous me connaissez vous me connaissez battu des vents, comme vous, sinon des mêmes, battu d’épreuves, comme vous, souvent des mêmes, assailli de misères de toutes sortes. Vous aviez certainement (beaucoup) plus d’épreuves que je ne vous en connaissais, vous étiez constamment dans beaucoup plus d’épreuves que je ne le soupçonnais. C’est toujours ainsi. Et moi permettez-moi de vous le dire, moi aussi j’en ai eu plus que pour mon grade, j’en ai, au moment même où ce débat imprévu éclatait, j’en ai dont vous n’avez même, dont vous ne pouvez avoir aucune idée, aucune image, aucune représentation. J’en ai que vous ne soupçonnez pas. Allons-nous misérablement quereller qui de nous deux subit les plus dures épreuves. Je vous accorderais, hélas, immédiatement, que vous avez été infiniment plus éprouvé que moi. Je vous accorderais malheureusement tout. De telles épreuves, vous le savez, ne se mesurent point par des mesures temporelles. Vous les supportez d’un cœur stoïcien, que j’admire, que j’aime. Je les supporte, autant que je le puis, vous le savez, mieux que personne vous le savez, tant mal que bien, tant bien que mal, plutôt mal que bien, certainement plus mal que vous, peut-être beaucoup plus mal autant que je le puis je les supporte d’un cœur chrétien. Allons-nous quereller qui de nous deux supporte le plus courageusement les épreuves. Je suis si mécontent de moi que je vous accorderai tout. Ces mesures, ces grandeurs, vous le savez, ces épreuves, ces résistances ne se mesurent, ne se pèsent point par des balances