Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/512

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paraissiez point trop mécontents de ces canons respubliquains.

Un fin brouillard bleu de fleuve, une buée seulement monte des rives de Seine, gagne la vallée, occupe l’Esplanade. Et la vieille artillerie regardait passer la jeune, l’artillerie royale regardait passer notre artillerie de la troisième République. Les Français, mon ami, ont repoussé deux grandes fois les barbares. Vous vous en souvenez certainement. Une première fois, habilement dissimulés sous le nom de Grecs, ils repoussèrent, ils refoulèrent l’Orient perse, la barbarie perse, la barbarie persane, la barbarie orientale dans un petit chemin de montagne qui se nommait les Portes-Chaudes ; ce devait être quelque station thermale ; et dans une sorte de plaine en pente qui se nommait la plaine de Marathon, où il y avait un coureur ; et par leurs vaisseaux auprès d’une petite île grande comme un mouchoir de poche, peu conséquente, qui se nomme l’île de Salamine, et pourtant cette île sera célèbre et célébrée entre toutes les îles. La deuxième fois, revêtus du nom de Romains, ils arrêtèrent, ils repoussèrent, ils refoulèrent l’Orient punique, le même Orient, la même invasion orientale, qui pour mieux nous tourner s’était faite méridionale, le même Orient qui pour mieux nous tourner s’était fait le Midi. Et ils allèrent le chercher jusque chez lui. C’est cet antique repoussement, mon ami, antiquam illam repulsam, c’est ce refoulement, cette refoulée, cette repoussée, (et c’est cette reculée), notamment la deuxième, reprise par les mêmes Français aux environs de 1830, que vous continuez, que vous ramassez, que vous acheminez, que vous poursuivez aux héroïsmes des guerres mauritaniennes. Grec, héri-