Page:Peguy oeuvres completes 04.djvu/61

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un cercle, tout court, un circuit parfait, un cercle fermé. Tous les cercles sont fermés. Autrement ça ne serait pas des cercles. Ce n’est pas tout à fait ce que nos fondateurs avaient prévu. Mais nos fondateurs ne s’en tiraient pas déjà si bien. Et puis enfin on ne peut pas fonder toujours. Ça fatiguerait. La preuve que ça dure, la preuve que ça tient, c’est que ça dure déjà depuis quarante ans. Il y en a pour quarante siècles. C’est les premiers quarante ans qui sont les plus durs. C’est le premier quarante ans qui coûte. Après on est habitué. Un pays, un régime n’a pas besoin de vous, il n’a pas besoin de mystiques, de mystique, de sa mystique. Ce serait plutôt embarrassant. Pour un aussi grand voyage. Il a besoin d’une bonne politique, c’est-à-dire d’une politique bien gouvernementale.

Ils se trompent. Ces politiciens se trompent. Du haut de cette République quarante siècles (d’avenir) ne les contemplent pas. Si la République marche depuis quarante ans, c’est parce que tout marche depuis quarante ans. Si la République est solide en France, ce n’est pas parce que la République est solide en France, c’est parce que tout est solide partout. Il y a dans l’histoire moderne, et non pas dans toute histoire, il y a pour les peuples modernes de grandes vagues de crises, généralement parties de France, (1789-1815, 1830, 1848) qui font tout trembler d’un bout du monde à l’autre bout. Et il y a des paliers, plus ou moins longs, des calmes, des bonaces qui apaisent tout pour un temps plus ou moins long. Il y a les époques et il y a les périodes. Nous sommes dans une période. Si la République est