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tique correspondante, dans la politique issue, passant complaisamment par-dessus le point de discrimination.

Je ne suis pas le seul. Les abonnés de ces cahiers, même aujourd’hui, après douze ans de morts, et de renouvellements annuels, se composent aujourd’hui encore pour les deux tiers, sont encore pour les deux tiers des anciens dreyfusards, des nouveaux dreyfusards, des dreyfusards perpétuels, des dreyfusards impénitents, des dreyfusards mystiques, des hommes de cœur, des petites gens, généralement obscurs, généralement pauvres, quelques-uns très pauvres, pour ainsi dire misérables, qui ont sacrifié deux fois leur carrière, leur avenir, leur existence et leur pain : une première fois pour lutter contre leurs ennemis, une deuxième fois pour lutter contre leurs amis ; et combien n’est-ce pas plus difficile ; une première fois pour résister à la politique de leurs ennemis, une deuxième fois pour résister à la politique de leurs amis ; une première fois pour ne pas succomber à leurs ennemis, une deuxième fois pour ne pas succomber à leurs amis.

C’est ce traître-ci que nous entendons être.

Une première fois pour ne pas succomber à la démagogie de leurs ennemis, une deuxième fois pour ne pas succomber à la démagogie de leurs amis ; une première fois pour ne pas succomber à l’inimitié, une deuxième fois pour ne pas succomber à la plus difficile amitié.

Tous nous savons ce que ça nous a coûté. Et c’est pour cela que nous exigerons toujours de nos amis un respect que nos ennemis ne nous ont jamais refusé.

Les politiciens veulent que nous endossions leurs po-