Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/120

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Une pleine gerbe, une pleine potée ; une pleine gerbée,
une pleine brassée, une pleine bottée d’âmes.
Tant qu’il en pouvait tenir dans ses deux mains.
Tant qu’il en pouvait tenir dans ses deux bras.


Il était comme un fils au soir de sa journée ;
Son père l’attendait pour l’embrasser enfin ;
Un éternel baiser laverait son flanc pur ;
Un paternel baiser laverait son front pur ;
Un éternel baiser de son père laverait ses plaies vives,
Rafraîchirait ses plaies vives,
Et sa tête, et son flanc, et ses pieds, et ses mains.
Une source éternelle,
Une eau pure éternelle attendait ses plaies vives.


Un éternel baiser s’abattrait sur son flanc ;
Le baiser paternel descendrait sur son front.


Il quittait la maison terrestre pour la maison céleste ;
La maison temporelle pour la maison éternelle.


Il allait donc rentrer dans son éternité.
La tâche était finie et son œuvre était faite.
Il avait accompli son temps d’humanité.
Les anges l’attendaient pour lui fêter sa fête.
Les anges l’attendaient pour laver ses plaies vives.