Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Plus que les deux larrons pendus à ses côtés ;
Qui hurlaient à la mort ainsi que des chiens maigres.
Les larrons ne hurlaient qu’un hurlement humain ;
Les larrons ne hurlaient qu’un cri de mort humaine ;
Ils ne bavaient aussi que de la bave humaine :

Le Juste seul poussa la clameur éternelle.



Mais pourquoi ? Qu’est-ce qu’il avait ?



Les larrons ne criaient qu’une clameur humaine,

Car ils ne connaissaient qu’une détresse humaine ;
Ils n’avaient éprouvé qu’une détresse humaine.

Lui seul pouvait crier la clameur surhumaine ;
Lui seul connut alors cette surhumaine détresse.

Aussi les larrons ne poussèrent-ils qu’un cri qui s’éteignit dans la nuit.

Et lui poussa le cri qui retentira toujours, éternellement toujours, le cri qui ne s’éteindra éternellement jamais.

Dans aucune nuit. Dans aucune nuit du temps et de l’éternité.