Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/216

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pas une épée, il n’y avait plus une épée, il ne s’agissait plus d’une épée, comme l’épée du soldat serviteur du prince des prêtres. Comme l’épée ou le bâton de ce Malchus. D’une épée, d’un sabre de sergent de ville. D’un sabre de garde champêtre. C’étaient des milliers et des milliers et des centaines de milliers de sabres. Et qui avaient servi. Et qui serviraient encore. Beaucoup. Longtemps.

Qui savaient servir.

Qui étaient prêts à servir.

Ils y allèrent pourtant. Dans les plis de leurs manteaux ils portaient la gloire de Dieu.

C’étaient des pasteurs, ça. Ils firent plus pour leur troupeau que les autres n’avaient fait pour le grand Pasteur, pour le pasteur en chef. Ils firent plus pour le peuple de Dieu que les autres n’avaient fait pour Dieu même.

Madame Gervaise

— Tous les saints dans les plis de tous leurs manteaux ont toujours porté la gloire de Dieu.

Jeannette

— C’étaient des barbares, des armées barbares, des armées innombrables, des armées païennes. Cent fois plus barbares, cent fois pires, infiniment plus barbares, infiniment pires que les Anglais même. Et que les Bourguignons.

Ils y allèrent pourtant. Dans les plis de leur manteau ils portaient la gloire de Dieu et le corps de Jésus. Et les fronts barbares se courbèrent devant eux. Vain-