Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/267

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Dans la lumière et dans les ténèbres.
Et dans le cœur de l’homme, qui est ce qu’il y a de
plus profond dans le monde.
Créé.
Si profond qu’il est impénétrable à tout regard.
Excepté à mon regard.
Dans la tempête qui fait bondir les vagues et dans la
tempête qui fait bondir les feuilles.
Des arbres dans la forêt.
Et au contraire dans le calme d’un beau soir.
Dans les sables de la mer et dans les étoiles qui sont
un sable dans le ciel.
Dans la pierre du seuil et dans la pierre du foyer et
dans la pierre de l’autel.
Dans la prière et dans les sacrements.
Dans les maisons des hommes et dans l’église qui
est ma maison sur la terre.
Dans l’aigle ma créature qui vole sur les sommets.
L’aigle royal qui a au moins deux mètres d’envergure
et peut-être trois mètres.
Et dans la fourmi ma créature qui rampe et qui amasse
petitement.
Dans la terre.
Dans la fourmi mon serviteur
Et jusque dans le serpent.
Dans la fourmi ma servante, mon infime servante, qui
amasse péniblement, la parcimonieuse.
Qui travaille comme une malheureuse et qui n’a point
de cesse et n’a point de repos.
Que la mort et que le long sommeil d’hiver

haussant les épaules de tant d’évidence.
devant tant d’évidence.