Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/294

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Il y a dans ce qui commence une source, une race qui ne revient pas.

Un départ, une enfance que l’on ne retrouve, qui ne se retrouve jamais plus.

Or la petite espérance
Est celle qui toujours commence.



Cette naissance
Perpétuelle.
Cette enfance

Perpétuelle. Qu’est-ce que l’on ferait, qu’est-ce que l’on serait, mon Dieu, sans les enfants. Qu’est-ce que l’on deviendrait.

Et ses deux grandes sœurs savent bien que sans elle elles ne seraient que des servantes d’un jour.

Des vieilles filles dans une chaumière.
Dans une cabane délabrée qui se démolit tous les jours davantage.
Qui s’use à mesure.

Des vieilles femmes qui vieillissent toutes seules et qui s’ennuient dans une masure.

Des femmes sans enfants.
Une race qui s’éteint.





Mais par elle au contraire elles savent bien qu’elles sont deux femmes généreuses.