Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/339

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Et comme il faut que le cheval de labour tire pour lui-même et pour la charrue,

Ainsi il faut que l’âme tire aussi pour elle-même et pour le corps,
Qu’elle fasse son salut, leur salut, pour elle-même et pour le corps.
Car nul des deux, ni l’un ni l’autre ne sera sauvé sans l’autre.

Nous n’avons pas le choix. Il faut être deux mains jointes ou deux poignets liés.

Deux mains jointes qui montent jointes pour la félicité.
Deux poignets liés qui retombent liés pour la captivité.
Ni les mains ne seront disjointes ni les poignets ne seront déliés.
Car Dieu a lui-même attaché l’immortel au mortel.
Et au mort mais qui ressuscitera.



Voilà ce que les anges, mon enfant, ne connaissent pas.
Je veux dire voilà ce qu’ils n’ont pas éprouvé.

Ce que c’est que d’avoir ce corps ; d’avoir cette liaison avec ce corps ; d’être ce corps.

D’avoir cette liaison avec la terre, avec cette terre, d’être cette terre, le limon et la poussière, la cendre et la boue de la terre,

Le corps même de Jésus.



Ainsi il faut que l’âme ne fasse pas seulement pour elle, il faut qu’elle fasse non pas seulement pour soi.