Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/344

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Un seul :
en effet je vous le dis,
que leurs anges dans les cieux
voient toujours la face de mon Père, qui est aux cieux.


Comme on voit, comme on sent la sève au mois de mai
Poindre sous la dure écorce,
Ainsi on sent, ainsi on voit au mois de Pâques
Un sang nouveau monter et poindre
Sous la dure écorce du cœur,
Sous l’écorce de la colère, sous l’écorce du désespoir,
Sous la dure écorce du péché.


Voilà ce qu’ils ne connaissent point, ni le plus grand péché charnel.

Quand le sang monte et se gonfle et se tuméfie dans le cœur et dans la tête.

Quand dans un soudain mouvement, dans un énorme mouvement le sang monte et se gonfle et bout.

Dans un mouvement d’orgueil.
Quand le sang, comme une bête, saute, dans un coup.
Comme un rapace, comme une bête de proie
Dans un coup d’orgueil.
L’orgueil, le plus grand péché qui soit jamais tombé sur la terre
Et dans toute la création.
L’orgueil du corps, l’orgueil du sang, l’orgueil de la chair.

Qui gonfle et qui bourdonne dans tout le corps comme une tempête de bourdonnement.