Page:Peguy oeuvres completes 05.djvu/374

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Je vous le dis,
Qu’il y aura autant de joie dans le ciel
Sur un pécheur faisant pénitence,

Que sur quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence.


Or qu’est-ce que la pénitence, mon enfant, qu’est-ce qu’il y a donc dans la pénitence. Quelle est donc cette vertu secrète de la pénitence.

Mon enfant c’est singulier, c’est étrange, c’est inquiétant.
Qu’est-ce qu’il y a donc d’extraordinaire dans cette pénitence.
Comme c’est inquiétant.

Quelle est cette vertu, ce secret, qu’est-ce qu’il faut donc qu’il y ait de si extraordinaire,

Dans la pénitence,
pour que ce pécheur,
Pour que un vaille cent, ou enfin quatre-vingt-dix-neuf,
(Pour compter juste),
Pour que ce pécheur vaille autant,

Pour que ce pécheur, ce seul pécheur qui fait pénitence vaille autant, réjouisse, fasse autant de joie dans le ciel que quatre-vingt-dix-neuf justes qui n’ont pas besoin de pénitence.

Et pour que cette brebis égarée fasse tant de joie au pasteur,
Au bon pasteur,
Qu’il en laisse dans le désert, in deserto, dans un endroit abandonné,
Les quatre-vingt-dix-neuf qui ne s’étaient point égarées.